Votre enfant a moins de dix ans ? Il est bruyant, ne respecte pas vos conversations téléphoniques ? Il ne sait pas quand se taire lorsque les adultes parlent ? Votre enfant désire systématiquement vous montrer son dernier étron en date, fier de sa sculpture fécale, lorsque vous êtes occupé ? Il vous harcèle jusqu’à ce que vous cédiez ? Il ne supporte pas de voir son adulte préféré se détourner un court moment de sa royale figure ? Votre enfant vous impose un régime totalitaire doublé d’un culte de la personnalité et triplé d’une propagande à coups de sourires angéliques et de yeux de bambi ?

Non ? Oh… Ah… Je vois… Votre enfant est a-do-rable sous tout rapport… Il est poli, sage, respecte l’autorité, vous êtes fier de voir cette production de dix minutes de fornication dans le noir un soir de beuverie ? Hmm… Oui… Je commence à comprendre.

Dites-moi, que vous évoque cet enregistrement professionnel ?

« *****, Service Consommateurs, Camille, bonjour.
– Oui, bonjour, je vous appelle parce que j’ai un soucis et que –Maman ! Maman ! Maman ! Maman– Un instant ma chérie, je parle ! Oui, je disais, j’ai un soucis et –Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !– Chut ma puce, oui, donc, j’ai un soucis et –OUIIIIIIIIIIIN !– Tiens, prends un gâteau ma citrouille. Oui, je vous disais donc –‘Veux pas de gâteau, MAMAAAAAAAAAAAAAAN !– JE DISAIS…
– Excusez-moi, j’ai BEAUCOUP de mal à vous entendre avec tout cette NUISANCE à vos côtés.
– Ah, heu, oui, Clotilde, va jouer avec ton frère ! Donc, je disais, j’ai un problème assez récurrent et -BING- Clotilde, ne tape pas ton frère avec la télécommande !
-Je vois que vous êtes occupée, peut être devriez-vous rappeler plus tard…?
– Ah, heu, non, enfin, oui, non, c’est bon -MAMAAAAAAAAAN ! CLOCLO ELLE M’A FAIT MAL !- Oh, non ! -Biiiip, Biiiip, Biiiip.-« 

Pardon ? Comment ça cela ne vous évoque rien ? Vous êtes sûr ? Attendez, à votre avis, il n’y a rien à y redire…? Quoi ? Aaaah… « Ce n’est pas de la faute de la petite, sa mère ne s’en occupe pas assez. » Hmmm… Voyons un autre extrait si vous le voulez bien !

« *****, Service Consommateurs, Camille, bonjour.
– Oui, bonjour, je vous appelle parce que j’ai un soucis et que *Bruit de trompette*… Enfin voilà quoi.
-Je vous demande pardon…?
-Je disais…. *Bruit de trompette* Et en fait, depuis, je n’arrive plus à *Bruit de trompette*alors vous comprenez, moi je trouve ça *Bruit de trompette*
– Excusez-moi, Madame, mais je n’entends que la moitié des choses, je pense que la liaison est perturbée de votre côté.
– Marjorie, donne-moi ça ! Oui, donc, en fait, je disais que -OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN !- Tiens ma chérie, je disais qu’en fait *Bruit de trompette* scandale ce manque de correction de la part*Bruit de trompette* C’est quand même un monde de ne pas *Bruit de trompette*
– Oui, je comprends tout à fait, Madame, certains n’ont pas la correction de la politesse élémentaire.
– Exactement et *Bruit de trompette*
– Excusez-moi mais ça devient réellement insupportable là.
– Quoi donc ? *Bruit de trompette*
– Ecoutez, je peux comprendre que pour son équilibre personnel et son épanouissement artistique cela soit nécessaire, mais si je pouvais ne pas le subir, j’avoue que ça m’arrangerait. Je suis certes payée pour vous écouter, mais certainement pas pour me faire polluer de la sorte !
– Comment osez-vous ? C’est un véritable scandale de *Bruit de trompette* on ne vous pas appris la politesse ni *Bruit de trompette*
– ***** vous remercie de votre appel musical et vous souhaite une bonne journée. »

Bien, je vois que j’ai réussis à capter votre intention. Quoi ? Comment ça la conseillère n’aurait pas dû dire ça  ? Pardon…? Ah oui, vous me dites que ce n’était pas de la faute de l’enfant. Bien, dans ce cas, je vois que mon cabinet vous est tout indiqué. Oui, tout à fait.

Je me présente : Docteur Gabrilus, psychologue spécialiste du « sundromê cunnus ». C’est une pathologie lourde qui se transmet génétiquement ET socialement, via l’éducation par exemple, la télévision, l’environnement parental… Ce que c’est ? Ah… Vous voyez le syndrome de Down ? On appelle ça la « trisomie 21 », vous voyez donc cette déficience mentale excusable ? Pareil à vrai dire mais version passible d’euthanasie. Voyez-vous, le terme même de « sundromê cunnus » est une alliance du grec et du latin. Voyez donc comment c’est répandu. Oui, la médecine est bien faite, oui.

Quoi ? La traduction ? Oh, rien de bien méchant, rassurez-vous, c’est juste le « syndrome du con ». Et ce qui est admirable c’est que le mot « cunnus », « con » en français, est la vieille expression vulgaire pour définir le sexe de la femme. Ce même sexe qui mettra au monde -et ce avec 90% de risques- un être difforme et bruyant affublé du « sundromê cunnus ».

Oui, oui, parfaitement, c’est exactement ça oui, je suis docteur en psychologie des cons.

Bien, prenez place donc, je vous prie, oui, nous allons traiter aujourd’hui du problème d’autorité envers les enfants. Nous allons donc analyser la possibilité que vous soyez atteint de ce syndrome et, par extension, risquez de le transmettre à votre progéniture. Comment ? NON ! ABSOLUMENT PAS ! Non, je ne me permettrais pas, il s’agit juste de conseils de psychologie, destinés à mieux vous connaître. Pardon ? Des tests en QCM ? Non, navrée, non, je n’ai pas. Attendez, je vous prévois quelques séances supplémentaires. Simple mesure de prévention.

Bien, donc, nous sommes aujourd’hui sur le problème de l’autorité. Oui, parfaitement, l’autorité. Revoyons tout d’abords nos classiques, regardez donc ce film. Oui, c’est un très bel exemple qui vous expliquera donc tout le danger.

— Quelques heures plus tard, la/le patient(e) aura visionné divers films tels que : « Esther », « Damien », « Le cas 39 » etc… Le patient se trouve donc dans un état fragile où il s’éveille de son fantasme où l’enfant est une adorable créature en manque d’amour. A ce stade de la thérapie, le parent est donc tremblant, désemparé, avec l’intime conviction qu’il est l’arbre qui a fait pousser le fruit du diable. —

Buvez un verre, oui, ne vous en faites pas, je suis là pour vous aider à lutter contre ces parasites de la vie. Je sais, c’est toujours difficile de regarder la réalité en face. Non, vous n’êtes pas le premier patient que je vois réagir comme ça. Non, rassurez-vous, vous êtes même plutôt réactif. Voilà, un autre Whisky ? Cul-sec, c’est ça. Bien, maintenant, si vous le voulez bien, réécoutons le deuxième enregistrement.

— Nouvelle écoute, le patient réagit différemment, il ne semble pas choqué, juste apeuré, sans arme, il lance à ce moment diverses œillades à votre médecin en chef qui le rassure avec un sourire conciliant. —

Voyez-vous, certains de mes patients pensent qu’il n’y a pas de méthode efficace pour lutter contre ces engeances dangereuses et nocives. –hochement de tête du patient au mot « engeances »– Voyez-vous, lorsque votre métastase blonde est arrivée à ce stade de maturité, il est nécessaire d’user de solutions dites « efficaces ». Lorsqu’une gangrène en culottes courtes commence à mettre en péril votre audition par sa formidable capacité à monter en décibels, vous n’avez plus les recours tels que la « boîte à gifles ». Il est donc nécessaire, en vue de cette évolution prévisible des symptômes de votre syndrome, de vous équiper de réceptacles givrant plus communément appelés « congélateurs ». Cela vous laissera une porte de sortie si vous n’êtes pas équipé de parpaings légers et faciles à envoyer sur un corps de moins d’un mètre trente de hauteur.

Si toutefois, après avoir exécuté l’amputation -nécessaire- de votre famille cancéreuse, vous éprouvez le moindre remord, appelez-moi IMMEDIATEMENT, ou gardez près de vous ces photos de parents dormant sur le sol de leur chambre, leur tumeur dans leur lit.

Quoi ? Comment prévenir de tels symptômes ? Aaaah… Je vois… Vous réfléchissez à l’idée de vous reproduire. Oui… Oui… Je vois, je vous comprends tout à fait. Ecoutez, nous allons déjà faire un travail tous les deux, en attendant, prenez donc avec vous cette plaquette mensuelle et ces carrés en alu. Oui, vous allez voir, nous allons travailler ensemble, je vous protégerai de cette grave expansion de maladie.

Quand est-ce que vous serez guéri(e) ? Oh, ne vous en faites pas, lorsque vous aurez pris rendez-vous pour une vasectomie/ligature des trompes, vous serez sur la bonne voie !